De la pompe à bras … à la lance à débit variable
Petite histoire de la Compagnie
des sapeurs-pompiers de Saint-Vincent-de-Reins
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Les temps héroïques (1902-1920)
C'est à la suite d'un incendie survenu dans une boulangerie de la commune en 1902, que deux Saint-Vincentaises, Madame Farjas et Mademoiselle Grenier, prennent l'initiative de constituer une Compagnie « libre » de lutte contre l'incendie. Le corps prend un essor rapide et rassemble bientôt une cinquantaine de volontaires, soit un pompier pour 38 habitants. L'effectif ne semble pas exagéré, lorsque l'on sait le nombre de bras nécessaires à la réalisation de la chaîne des seaux d'eau, d'un puits ou d'un bief jusqu'au lieu du sinistre.
Deux ans plus tard, en 1904, la Compagnie est reconnue d'utilité publique, avec à sa tête le Lieutenant Auguste Farjas, ferblantier au bourg, le Sous-Lieutenant Marius Bonnard, boulanger, le Sergent-fourrier Auguste Deveaux et le Sergent Pierre Trambouze. Mais les bonnes volontés ne suffisent pas à éteindre les feux, encore très fréquents en ce début de 20e siècle ! Il faut du matériel ! ! ! Entre janvier 1891 et avril 1892, le journal « Le Réveil de Tarare » recense pas moins de six incendies sur la commune, le plus souvent durant la saison hivernale. Une souscription publique permet alors, quelques temps plus tard, l'achat d'une pompe à bras à deux roues, qui mettra cependant plusieurs jours pour être acheminée de Lyon à Saint-Vincent-de-Reins… Le 6 février 1907, un arrêté préfectoral organise le corps en une subdivision officielle, dont l'effectif se limite cependant à 34 hommes. Les pompiers deviennent enfin communaux ! Le 3 mars 1908, la Compagnie fonde la 275e Société de secours mutuels et le 26 avril de la même année, le Lieutenant Auguste Farjas est reçu en qualité de membre actif au sein de la prestigieuse Union départementale des sapeurs-pompiers du Rhône.
Le temps de la motorisation (1920-1962)
La Compagnie est partiellement réorganisée au sortir de la Première guerre mondiale. A l'instar de la plupart des Saint-Vincentais, les pompiers communaux payent un lourd tribut à la guerre : neuf sapeurs et caporaux tombent sur les champs de bataille européens. Avec une population qui frôle les 1.400 âmes, le Conseil municipal modifie l'effectif de la Compagnie en mai 1921 : Saint-Vincent-de-Reins sera désormais défendue par 63 sapeurs-pompiers et le Lieutenant Farjas est promu au grade de Capitaine. On dénombre alors un pompier pour 22 habitants…
Sous l'impulsion du Capitaine Auguste Saint-Paul, Chef de corps depuis 1936, et du maire Julien Rollin, la caserne se procure une moto-pompe remorquable Renault de 60 m3 dans une usine de couverture de Cours-la-Ville. Du matériel neuf est alors acheté pour armer la nouvelle moto-pompe : tuyaux de 60/65 et de 40/45, quatre lances, ainsi qu'une échelle à coulisse de huit mètres. Le remorquage et l'entretien de la moto-pompe sont confiés à Auguste Forest, le mécanicien du village. Dans les années 1940 cependant, faute de carburant, la vieille pompe à bras reprend du service à l'occasion d'un feu d'envergure au « Lacheron ».
En 1950, la commune dispose de douze poteaux et de trois bouches d'incendie, auxquels viennent s'ajouter deux réservoirs de 75 m3 chacun. La Compagnie peut désormais répondre avec plus de sérénité aux départs de feux. Mais les incendies sont encore fréquents. Pas moins de six engagements volontaires sont contractés dans l'année 1949, suite au feu de forêt survenu sur la colline de Rochefort et à l'incendie de la ferme Montibert.
En 1956, le Ministère de l'Intérieur redéfinit les effectifs des Centres de première intervention (CPI). A Saint-Vincent-de-Reins, l'effectif communal est ainsi réduit à dix-sept hommes. A contre-cœur, les plus anciens sont invités à raccrocher casques et bottes… A la Sainte-Barbe 1956, le Capitaine Saint-Paul et ses hommes rendent un dernier hommage aux 32 vétérans atteints par la limite d'âge : les médailles d'honneur d'argent et de vermeil pleuvent ce jour-là sur l'assemblée. Le lendemain, « Le Progrès » titre dans ses pages locales : « Hécatombe de médailles à Saint-Vincent-de-Reins » ! Mais la vie continue… Et c'est aussi les balbutiements des premiers « Cours d'instruction générale de printemps », régulièrement dispensés au Centre de secours principal (CSP) de Tarare. Trois ans plus tard, une sirène est installée au cœur du village.
Le temps des premiers secours à personnes (1962-1989)
Entré au corps en novembre 1919, le Capitaine Saint-Paul reçoit en 1962 la médaille d'honneur en or des mains du Colonel Bal, qui récompense ainsi 43 années « de courage et de dévouement » au service de la population saint-vincentaise ! Cependant, la relève est assurée… En janvier 1963, le Sous-Lieutenant Marius Nony, engagé en 1946, devient Chef de Centre à l'âge de 34 ans ! Peu de temps après, le Service départemental d'incendie rétrocède au CPI de Saint-Vincent-de-Reins une fourgonnette Renault de la Défense passive. Entre 1906 et 1969, pas moins de 163 « combattants du feu » seront passés dans les rangs de la Compagnie d'incendie de Saint-Vincent-de-Reins. En 1969, un Fourgon d'incendie normalisé (FIN) Laffly, acheté au CSP de Rives (Isère), franchit les portes de la nouvelle caserne. Quelques temps plus tard, la Municipalité acquiert un Véhicule de première intervention (VPI) Dodge 4x4 et une moto-pompe, qui s'avèrent rapidement indispensables dans cette région aux reliefs escarpés. Le Secours à victime n'est pas négligé, puisque sur les conseils des docteurs Robert et Tourmente, le Lieutenant Marius Nony ajoute un VSAB (Véhicule de secours aux asphyxiés et aux blessés) de marque Peugeot J7 à son parc de véhicules. Cette ambulance sera remplacée en 1994 par un autre VSAB plus moderne et mieux équipé, de marque Renault Master. En 1986, le CPI dispose alors de vingt hommes (soit un sapeur pour 38 habitants), dont un moniteur de secourisme, et de trois engins d'intervention, avec lesquels sont effectuées 27 sorties en 1987 (dont 18 VSAB) et 28 l'année suivante (dont 17 VSAB).
En route vers la départementalisation (1989-…)
Après un passage remarqué à la tête de la Compagnie, le Lieutenant Marius Nony prend en 1989 une retraite bien méritée ! « Ce sera une nouvelle équipe et disons aussi une autre époque » concluait-il dans le Bulletin municipal de 1989. Le Capitaine honoraire Marius Nony laisse alors les rennes du CPI à son jeune adjoint de 24 ans, le Sergent (bientôt Adjudant !) Louis Vadeboin. L'équipement individuel des sapeurs-pompiers progresse : en 1990, un Fourgon pompe-tonne (FPT), provenant du CSP de Tarare, se substitue au vieux Laffly, atteint lui aussi par la limite d'âge. Quatre ans plus tard, les volontaires reçoivent un nouveau VSAB et des récepteurs individuels d'alerte (les Bips) ; tandis que les casques de feu de type Gallet F1 font leur apparition en 1997. Aujourd'hui, le CPI aligne un effectif tout à fait honorable de dix-neuf volontaires (soit un volontaire pour 34 habitants), dont un Lieutenant (Louis Vadeboin), un Adjudant, deux Sergents-Chefs, quatre Caporaux-Chefs, un Caporal et dix Sapeurs, dont un volontaire féminin. Intervenant généralement sur le secteur communal de Saint-Vincent-de-Reins, mais aussi en renfort sur les communes limitrophes, le CPI effectue en moyenne une intervention par semaine (soit une cinquantaine aujourd'hui, contre une vingtaine dans les années 1990). Départementalisé le 1er janvier 1999, le Centre ne dépend plus de la Municipalité, mais relève désormais du Service départemental d'incendie et de secours du Rhône. De son côté, l'année 2002 voit l'arrivée de deux lots de sauvetage et de protection contre les chutes, ainsi que le remplacement du vieux FPT Berliet GAK par une fourgon d'incendie plus récent, un Berliet KB, sur lequel s'adaptent des lances à débit variable (LDV).
Quelques feux qui marquèrent la Compagnie…
Feu de la boulangerie Rivolier (1902), feu de la maison Victore Nony, feu du magasin Lacroix, feu de ferme chez Desseigne, feu de ferme chez Longère, feu de ferme chez Cherblanc, feu de ferme chez Vernay-Ovize aux « Granges » (avril 1946), feu de ferme chez Montibert (1949), incendie du bois de Rochefort (juillet 1949), feu de bois chez Chervier, feu de ferme chez Lacroix, feu de ferme chez Lacombe, feu de la scierie Lachize, feu de la carderie Peillon-Burtin, feu de ferme chez Dechelette, incendie de la maison Marthias, feu de la boulangerie, au centre du village, feu d'appartement chez Massard-Vacheron, etc.
Les Chefs de Centre à Saint-Vincent-de-Reins
Capitaine Auguste FARJAS (1907 - 1932)
Capitaine Auguste DEVEAUX (1932 - 1936)
Capitaine Auguste SAINT-PAUL (1936 - 1962)
Lieutenant Marius NONY, Capitaine honoraire (1962 - 1989)
Lieutenant Louis VADEBOIN (1989 - )
Bibliographie sommaire :
Archives du CPI de Saint-Vincent-de-Reins
Bulletins municipaux, du n°1 (1984) au n°19 (août 2002)
GRATIER de SAINT LOUIS Renaud, Saint-Vincent-de-Reins au siècle dernier, octobre 1993
Notes du Frère Philippe, instituteur libre à Saint-Vincent-de-Reins
PERIER Jacques, Historique des Sapeurs-Pompiers du Rhône, UDSP du Rhône, 2001